Il y a des patients qui nous touchent plus que d’autres ; par leur histoire, leur façon de traverser les épreuves, pour leur je ne sais quoi… De ces patients, beaucoup sont des enfants ou des petits poupons… par leur naïveté, par leur facilité à passer des pleurs au rire ou l’inverse en quelques secondes, ou parce qu’ils sont tout simplement trop mignons.
Lorsque je travaillais à l’urgence, certains me marquaient. Maintenant que je suis au Nord, il y a parfois un lien plus spécial qui s’installe. Le patient, il est soit notre voisin, elle est la caissière de l’épicerie, ils sont ces enfants qui jouent au hockey juste devant chez moi, ils sont ces petits bébés qu’on voie trop souvent durant la saison des rhumes ou ceux qui ont eu une santé physique et un univers social plutôt difficile depuis leur arrivée dans ce monde.
Il y a parfois ces moments émotionnellement difficiles de soigner une collègue de travail qui s’est fait malmener. Il y a aussi ces patients qui sont tellement reconnaissants des soins que tu leur as donnés, à eux ou leur bébé… parce que pour eux, tu as trouvé LA solution à leurs maux. Avec le temps, les gens te reconnaissent, se sentent rassurés quand c’est toi la « nurse on call », veulent en apprendre un peu plus sur ta petite vie. Ils remarquent quand tu pars en vacances (ça, c’est pour ceux qui consultent un peu trop souvent).
Cette proximité, elle appartient au Nord. Elle est souvent positive, parfois un peu moins. La collègue de travail qui s’est fait agresser par son copain, tu préférerais ne pas la connaître, ce serait tellement plus facile… Par contre, cette maman que tu connais si bien qui t’appelle parce que bébé fait de la fièvre… Ça te rassure de savoir qu’elle appliquera tes recommandations et qu’elle te rappellera si besoin.
Cette proximité aide souvent au lien de confiance. Le lien de confiance ici, ça ne change pas le monde, mais parfois ça fait la différence.