Je ne fais pas ici une critique de notre mode vie. Je ne me place pas au-dessus de la réalité du Sud parce que je suis au Nord. Je ne compare rien, parce qu’il n’y a pas de comparaison à faire. Je fais juste souligner quelque chose de beau qui apporte un vent de fraîcheur dans une région qui fait souvent l’objet d’une grande critique.
Le sens du mot communauté a pris son sens pour moi aujourd’hui. Paradoxalement, alors qu’il planait un calme plat à la clinique…. Les gens du village étaient plutôt bien occupés aujourd’hui. C’était le grand ménage du printemps. Pas celui où individuellement chaque maisonnée lave ses fenêtres des deux côtés et sert les manteaux d’hiver…. Non ! À Inukjuak, c’était le ménage du village ! On y ramasse tout ce qui traîne dehors et qui ne devrait pas y être… Tout le monde y participait…. Enfin presque ! Je sentais une ambiance de « on repart en neuf » ! Je sentais ceux que l’on blâme souvent de ne pas être suffisamment responsables, devenir tout d’un coup bien concernés par le projet. En retournant au boulot après l’heure du lunch… Y’avait ces trois gamins qui étaient accroupis devant la clinique avec leur sac géant et leur « unique » gant bleu en nitrile… Ils prenaient bien soin de ne pas se salir l’autre main ! Ils semblaient fiers de participer… inconsciemment probablement, mais ils souriaient et ils étaient beaux tout simplement. À 17h00, fin de journée pour moi… À l’extérieur… Les sacs verts sont bien cordés prêts à être ramassés par les éboueurs au petit matin! Ce n’est pas une journée exceptionnelle, il n’y a pas de quoi en faire la une des journaux… Peut-être ! Sauf qu’ils étaient fiers de s’entraider, de mettre le village « spick-and-span », d’avoir un sentiment d’accomplissement ! Ils ne l’ont pas dit dans ces mots-là… c’est ce qu’ils dégageaient ! L’entraide déborde ici… Dans un milieu où les souffrances se multiplient et les besoins de bases ne sont pas tous comblés… Dans une communauté souvent critiquée et rarement saluée pour ses bons coups…. Dans un Nunavik dégarni de ressource! Je voulais prendre le temps de vous dire que j’avais été inspiré aujourd’hui par une communauté qui me fait souvent réaliser que le nombril du monde, ce n’est pas le mien et que dans chaque homme il peut y avoir beaucoup de bon.
Je vois ce ménage d’une façon trop utopique en cette journée de drame pour la Turquie (ou plutôt de drame mondial) ? Peut-être… Mais je suis d’avis que si on ne souligne pas la fraternité, qu’on se cache derrière la peur et qu’on fait grandir les barrières qui sont déjà entre nous… Nous n’aiderons en rien notre futur!