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Laurie-Eve Langlois
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Chroniques d’une infirmière nordique

En congé différé depuis juin dernier, j’ai décidé de « tirer la plug » de ce qui me rattachait au Nord pour un petit moment. J’avais besoin de me détacher du côté plus rude du Nord et de prendre un peu de recul pour rester saine d’esprit et mieux les aider à mon retour. Mon but est jusqu’à maintenant très partiellement atteint. Le Sud, c’est mes racines, ma famille, mes amies, mon nid douillet, mes projets. Je suis toujours contente de revenir me perdre dans le trafic du Sud, de vivre la proximité et l’accessibilité d’à-peu-près tout, de voyager ici ou ailleurs, de me concentrer sur moi-même et mon petit monde. La réalité est que rien ne peut être noir ou blanc. Ce gris, c’est moi ici, et une partie de mon cœur qui est resté prit quelques part entre la toundra, la clinique et la coop. La réalité est que cette communauté qui m’a « adopté » continue de m’habiter et de chambouler mes émotions, même de loin. Cet été a particulièrement amené du temps très gris aux inukjuammiuts (je ne parle pas ici de la température). Ils ont eu leur lot de pertes et de peurs. Je m’en remets à leur résilience et à leur esprit de communauté pour traverser cette tempête en gardant toujours la tête hors de l’eau. Espérant un hiver doux pour le coeur et l’âme malgré que glacial sur le corps.

Égoïstement, je me demande à certains moments si je retrouverai la même place que j’avais lorsque j’y retournerai. Humblement, je pense qu’ils m’ont déjà approuvé ce temps de pause.

Le Nord c’est ma deuxième maison. Pour y demeurer encore longtemps, ce temps lâcher prise s’imposait. Les gardes sont difficiles physiquement ; elles chamboulent tes statistiques d’heure de sommeil et ne respectent pas tellement le guide alimentaire canadien. Les gardes sont difficiles psychologiquement ; elles te font parfois voir le côté le plus sombre de l’homme et te montrent trop souvent que la vie ne tient qu’à un fil. La proximité développée avec cette communauté apporte tellement aux relations de confiances mutuelles qu’on développe. Cette proximité est toutefois difficile à assumer lorsque les évènements tragiques surviennent.

Lorsque janvier 2018 se présentera, je retournerai le cœur un peu plus léger et le corps reposé. Je savoure chaque moment ici, en gardant une oreille tendue et un œil ouvert à ce qui touche le Nord.

Pour illustrer ce lien qui nous rattache au Nord, je vous partage une lettre adressée aux inukjuammiuts qu’a écrit une amie et collègue infirmière. Ayant pris un long congé pour retourner aux études, elle est retournée dans notre village pour y travailler, mais aussi pour vivre ceci :

Dear inukjuammiuts,

It’s my third summer in Inukjuak. The third year i choose to be here, to work and to enjoy the land instead of being down south with my family and my friends. I’m very grateful i got to come back during my school vacation, although it was a very difficult summer for you. It was an incredible joy to see the little ones grown and healthy, to see the new babies with their proud mothers and to see some of the peaceful elders. My heart will be with the community as you gather your strengh to heal and grieve. Despite all the tragedies, i’m glad i got to see some dear friends and colleagues. I’m always amazed by the true kindness of some inukjuammiuts towards me. Some of my patients, who are now well enough to think about their nurse and take care of her from time to time gave me a hug in the street, a smile at the coop, a wave from a honda, a ride in the toundra or a warm meal that only a mom can make. It makes me forget the rough days at the clinic and makes me want to stay. I wish the snow brings a little bit of peace for your hearts and your families.

                                                                                                                                     Marie-Eve Isabel

N.B. Cette lettre fut écrite en anglais, puisque adressée à cette communauté. Je préfère me dissocier de la traduction pour ne pas interpréter ou modifier le sens des dires et de la profondeur de cette lettre.

One comment on “Chronique #23 : Partir pour mieux revenir

  1. Rolande Trottier dit :

    Bon repos!

    J’aime

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