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Laurie-Eve Langlois
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Chroniques d’une infirmière nordique

L’amour du Nord, de ce qu’il a de secret. Le désir de découvrir et de voir les hivers sous un autre jour. L’envie de lenteur ou bien de fuir ce qui rime avec une vie trop pressée. Laisser l’égoïsme de côté pour un peu de générosité. Sentir qu’on peut encore plus aider dans l’altérité. Voilà une courte liste de ce pour quoi la vie m’a menée il y a quelques années à cette double vie. Une courte liste qui a aussi motivée mes premières chroniques. À l’époque où on m’accusait gentiment de voir le Nord avec mes lunettes roses et d’imaginer des licornes à la place des ours polaires.

Cette liste me donne encore le sourire, mais fait aussi couler quelques larmes sur mes joues. Est-ce les hauts et les bas de cette double vie ? L’ennui de mes racines qui me tire vers le Sud ? Est-ce que l’intensité des combats et des drames du Nord a puisé jusque dans la précarité de mes réserves ? Est-ce que la malveillance de certains m’a fait douter ? Est-ce que mes convictions sont trop faibles devant l’impuissance que la structure s’obstine à m’imposer ? Est-ce le prix à payer pour toutes ces fois où j’ai proclamé l’égalité pour ceux qui ont trop peu de tribunes ?

L’impasse. Le néant. La croisé des chemins. Le passage obligé. Tout ça avec pourtant le sentiment d’être encore à ma place dans ma communauté adoptive. Tout ça avec aucune réponse qui m’a du sens. Un tas de questions et un millier de réponses qui s’entassent et me rouent la gorge à grand coup de contrecoup. Je m’aveugle dans la solidarité qui forge mon alliance avec ma deuxième famille. À force de m’infliger une pression de devoir m’inspirer de leur résilience, je ne fais que sauter pied joint dans la maladresse.

La fougue et la naïveté du début, la constance de mon dévouement, l’amour inconditionnel de ce peuple, la reconnaissance que j’ai d’avoir croisé le Nord peuvent-ils faire le poids contre la fragilité de ma voix qui s’éteint tranquillement contre ceux qui ont toujours feint de l’écouter, contre les cernes des gardes ou l’absence de changement qui me donne la nausée ?

Je me sens de glace devant mon propre contre-interrogatoire sans fin. J’ai la profonde envie de remettre mes lunettes roses en faisant tout de même une petite place aux ours polaires. J’implore que la solidité de ma voix revienne et ainsi pouvoir crier à celui qui tentera encore de me faire douter, qu’il devra d’abord éteindre la danse des aurores boréales.

1 comments on “Chronique #34 : Quand les aurores boréales ne danseront plus

  1. nanukdunord dit :

    J’aime bien vous lire!
    Malheureusement, comme vous le dites si bien, certain changement ne viennent pas assez vite mais, l’inégalité de fonctionnement d’une communauté a l’autre nuise à cette vélocité! Lâchez pas!

    J’aime

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