Nous sommes le 8 octobre, j’ai envie de vous parlez de l’hiver, le vrai ! C’est sûrement ce tapis blanc et les vents sifflants de ce matin qui m’inspirent. L’an passé le premier blizzard de l’année a eu lieu le 10 octobre à Inukjuak. J’avais parié à la blague que ça serait plus tôt cette année. Pendant que vous gens sudistes, vous réchauffez la couenne dans votre été indien… moi, je vais ressortir mon Canada Goose et mes lunettes de ski aujourd’hui… et je trouve ça PARFAIT ! J’ai longtemps détesté l’hiver, comme le québécois moyen qui ne pratique pas de sport hivernal sûrement. En habitant au nord, je pense que ce n’est plus un choix de moins la détester… sinon le temps peut être long… en fin, j’imagine.
Les heures d’ensoleillement.
Les journées raccourcissent à la vitesse grand V… pour nous donner un peu plus de quatre heures d’ensoleillement en décembre. Ça, c’est la partie la plus difficile. C’est très inconscient comme perturbation… mais c’est bien vrai. Il faut seulement se rappeler qu’on aura 18 heures d’ensoleillement dans 6 mois ! Et chaque fois que je vois les aurores boréales, je me dis que ça remplace sûrement quelques heures d’ensoleillement à mon humeur.
Le froid.
Les températures avoisinant les -60°C ressentis en février me donnent raison de « chialer » qu’il fait « frette » au Québec ! Par contre, ce serait mentir que de dire qu’il fait toujours -60°C… Il fait très froid, mais moyennant des vêtements adaptés, on s’adapte ! On ne s’adapte juste jamais à devoir sortir de son sommeil à 3h00 Am, à ce froid glacial, pour répondre à un appel d’urgence… ça c’est vraiment de la torture !
Moins d’accidents.
Les Inuits rangent leur VTT pour leur ski-doo. Ce qui veut dire, une diminution non négligeable des accidents de la route. Ça fait souvent du bien après une saison où trop d’accidents ont entraîné la mort ou blessé beaucoup de gens. En revanche, la saison de la grippe, des gastroentérites, des bronchiolites et tout ce qui termine en « ite » bat sont plein. Avec, au travers, quelques engelures toujours plus impressionnantes les unes des autres.
Les chiens.
L’hiver c’est le moment où chaque midi, j’observe mon voisin allez nourrir c’est huit huskies avec du phoque, du caribou, ou du « artic char » (le saumon du Nord). C’est au Nord qu’on peut vraiment vivre une expérience de traîneau a chien, qu’on apprend sur l’histoire de ces bêtes, qu’on comprend le rapport entre les Inuits et eux.
Le blanc de la neige.
La neige est blanche pour vrai, pas de « gadoue ». Tellement blanche, que lors des journées où le soleil est vraiment perçant, il est quasi impossible de visualiser où la route prend fin. Les enfants vont parfois d’une maison à l’autre en patins tellement la surface de la route est glacée.
Le ski de fond.
Ma saison de course prend une raclée en hiver. J’y vais de façon tout aussi assidue, mais avec tellement de recul. En contrepartie, la découverte du ski de fond ici est décidément la chose qui m’a le plus fait apprécier l’hiver. La toundra semble encore plus immense l’hiver. Les petites expéditions au grand froid avec des copines qui partagent la même passion me font oublier toutes les fois ou j’ai pu dire que je détestais l’hiver. Partir quelques heures, sans chemin tracé, traverser la rivière gelée et respirer l’air froid de l’hiver… ça casse les « blues » de novembre !
Les Blizzards.
Une fois que tu as mis les pieds au Nord, tu te moques gentiment des tempêtes qu’on a au Sud. Les blizzards ici m’impressionnent toujours un peu plus à chaque fois. Pas d’avion durant plusieurs jours, le village est placé sur « hold » le temps que ça passe. Le sentiment d’isolement bat son plein dans ces moments-là. C’est 1000 fois plus excitant que le sentiment que j’avais lorsque j’avais 10 ans et que j’apprenais que mon école était fermée pour raison de tempête.
Alors, l’hiver est commencé ici. Il faut le prendre sur une note positive parce que c’est cette réalité que j’ai choisie. Et… si vous m’entendez chialer sur l’hiver (ce qui risque fortement d’arriver dans quelques mois), renvoyez-moi lire ce que je viens d’écrire aujourd’hui !